L'aide spécialisée dans le collimateur de l'Etat...

Publié le par être parent tout simplement



LEMONDE.FR : Article publié le 20.03.09


Ils ont posé en fin de soirée. Les membres des Réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté (Rased) de l'Oise avaient le sourire malgré tout. La réunion à l'école Suzanne-Lacore de Margny-lès-Compiègne devait officiellement servir à informer l'opinion. Elle a permis de se serrer les coudes. Ces Rased, la plupart des parents ne les connaissaient pas jusqu'à ce que le gouvernement annonce la suppression de 3 000 postes sur les 11 000 professeurs des écoles qui exercent dans ce cadre. Cette coupe budgétaire aurait dû passer plus inaperçue que d'impopulaires fermetures de classes. Mais la mesure, qui touche en premier lieu les quartiers populaires, a déclenché des réactions si vives que le ministère a dû diviser ses exigences par deux.

Composés d'un psychologue scolaire et d'un ou de deux maîtres spécialisés, ces réseaux, dont chacun couvre plusieurs écoles, tentent de remédier aux blocages sérieux qui freinent les apprentissages grâce à d'autres approches pédagogiques ou éducatives lorsque le comportement de l'enfant l'empêche de devenir un élève intégré dans sa classe. La réunion de Margny a attiré une frange discrète de l'éducation nationale, comme les enseignants qui sont détachés dans des instituts pour handicapés ou travaillent avec des enfants du voyage. Pour eux, la tonalité vire à l'oraison funèbre lorsque le maire de la commune, Bernard Hellal (Pôle républicain), s'exclame : " Vous faites du bon travail, ce serait vraiment dommage de vous voir disparaître."

L'abattement cède parfois la place à des cris de colère désespérée : " Ça commence à bien faire d'entendre que nous sommes des mauvais ! Qu'on nous dise plutôt : on est désolé, vous n'êtes pas en cause, mais on n'a plus de sous pour l'école. " Quant aux parents, minoritaires dans cette assemblée, ils semblent un peu déboussolés par ces réformes récentes dont ils mesurent mal les effets. " Mais enfin, pensez-vous vraiment que tous les enfants accèdent à la réussite aujourd'hui ? N'y a-t-il rien à changer ? ", ose une mère. Une autre regarde avec insistance les consignes de l'évaluation nationale du CM2 qui défilent sur le mur grâce à un diaporama et s'inquiète : " 0,8 = 8 x... ? Ce n'est pas au collège qu'on apprend ça ? "


Pascale Krémer et Martine Valo






Publié dans REVUE DE PRESSE

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