L'entrée à l'école maternelle, mon avis...

Le rapport de Mme Tabarot dés l’été 2008, annonçait l’apparition des jardins d’éveil.

Que dit ce rapport ? Tout d’abord que la compétence d’accueillir les enfants de 2/3 ans dans les écoles maternelles, n’est pas obligatoire. Et la proposition d’offrir des horaires amples et donc un accès plus large aux parents semble être un élément porteur pour les parents inquiets de ne pas trouver de mode de garde lors de la reprise du travail. Oui des horaires amples mais pas un accès pour tous car ce mode de garde sera payant.

Aujourd’hui quel est l’enjeu de la mise en place de ces jardins d’éveil ? Nous pourrions nous dire que l’école maternelle et les jardins d’éveil sont complémentaires et défendent les mêmes valeurs : l’intérêt de l’enfant. Mais ce sacerdoce « d’intérêt pour l’enfant » ne devient-il pas la « sauce » préférée de tous les professionnels pour faire valoir in fine, son propre intérêt professionnel ?? En effet, les enseignants et syndicats d’enseignants avancent l’importance de cette primo école qu’est l’école maternelle dans sa lutte contre les inégalités et ses apprentissages et parallèlement, les crèches avancent l’importance de préserver les temps d’éveil et d’encadrement renforcé afin d’assurer sécurité affective et physique pour cette période de 2/3 ans.

Si on peut se dire qu’il y a des manques et des progrès à faire encore des deux côtés (crèche et école maternelle), la question de la formation des professionnels n’est à aucun moment relevée.

En effet, comment améliorer l’accueil des plus grands en crèche afin qu’ils profitent de cette période charnière entre  2 et 3 ans alors même que la motricité, le développement cognitif, affectif et social sont en phase de maturité. Il faut donc à ces enfants des spécialistes de la petite enfance qui puissent prendre le temps de comprendre tous les phénomènes et toutes les étapes de développement.

De grands pédagogues ont pu énoncer que « l'enfant de deux ans n'est pas sûr de son identité : il ne fait pas encore nettement la différence entre lui et ses partenaires sociaux ». Si l’école maternelle a pu démontrer qu’elle pouvait accueillir les enfants de moins de trois ans, il faut qu’elle puisse faire la démonstration que seuls les enfants en capacité d’être avec l’autre, en attente d’apprendre au-delà de l’éveil, doivent être accueillis à l’école maternelle. Car nous savons tous que l’encadrement assuré en école maternelle (1 enseignant pour 25 à 28 enfants/élèves) ne permet pas de prendre le temps nécessaire à chaque jeune enfant « plongé » dans ce grand collectif.

Il n’y a pas aujourd’hui de bien ou de moins bien, il y a des méthodes de travail, des pratiques professionnelles ainsi qu’une adaptation à l’évolution du public accueilli (des jeunes enfants plus fragiles – beaucoup d’enfants allergiques par exemple, - des jeunes enfants en manque de repères, des jeunes enfants avec parfois de sévères troubles du comportement…) à mettre en commun afin de préserver la qualité de ce que peut nous proposer les crèches aujourd’hui en matière de spécialisation de la petite enfance et de son savoir-faire ainsi que de la qualité de l’école maternelle qui a pu permettre à des milliers d’enfants de moins de 3 ans de bénéficier de ce que le système scolaire français a toujours su mettre en avant : la laïcité, gratuité et solidarité.

Le ministre de l'Education nationale Luc Chatel a assuré début juillet à l'Assemblée nationale que le gouvernement ne remettait pas en cause l'école maternelle à partir de trois ans. Espérons qu’il dise vrai…