| JE SUIS viscéralement horrifié par cette initiative. La difficulté d'éduquer déclenche chez certains adultes une forme de panique, amenant à envisager les options les plus abracadabrantes. C'est aussi une des conséquences de l'obstination des adversaires de la pédagogie. A force de ne pas vouloir traiter sérieusement la question de la motivation des élèves, on en vient à ces aberrations. On nous dit que c'est pour financer des projets dans les classes concernées, mais ces projets sont bien subordonnés à une sorte de rémunération de la présence. C'est scandaleux. C'est galvauder à la fois la notion de présence et celle de projet. En phase avec un contexte général de marchandisation, c'est un renversement complet du sens de l'école, lequel ne serait plus donné que par une rétribution. C'est une atteinte à ce qui fonde anthropologiquement l'échange éducatif. Car cet échange doit donner à la personne le goût d'aller au-delà, de se projeter dans l'avenir. Ce qui fait grandir l'élève, c'est la gratification symbolique, pas matérielle. C'est la fierté d'avoir réussi, d'avoir relevé un défi, franchi une étape. Le registre matériel clôt l'échange alors que le symbolique l'ouvre. » Propos recueillis par L. Cé |