Une chercheuse américaine répond sur le fondement naturel du comportement maternel...

Publié le par être parent tout simplement

Article paru sur le nouvelobs.com en février 2010. Pour lire l'article au complet : http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20100212.BIB0253/une-chercheuse-americaine-repond-a-elisabeth-badinter.html

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Aux Etats-Unis, Sarah Blaffer Hrdy,  anthropologue et primatologue, membre de l'Académie des Sciences, s'est penchée sur les thèses d'Elisabeth Badinter. Pour la chercheuse américaine, réfuter l'existence d'un instinct maternel ne tient pas la route scientifiquement. 

 

(...) L'investissement maternel émerge à la suite d'une sorte de réaction en chaine, « interactions complexes entre gènes, tissus, glandes, expériences passées et signes de l'environnement. Les comportements complexes comme le maternage ne sont jamais totalement prédéterminés génétiquement ni produits par le seul environnement.»


(...) La réalité c'est qu'au cours de la grossesse, se met en place une chaîne de changements physiologiques considérables et qu'à la naissance, des neurotransmetteurs comme l'ocytocine sont libérés, qui favorisent la transformation de la mère. Si elle se trouve dans un contact intime et prolongé avec ce petit étranger sorti d'elle, ses circuits neuronaux se modifient et l'encouragent à répondre aux signaux et aux demandes émis par son enfant. Une fois que la mère commence à allaiter (dans les 70 heures environ suivant la naissance) et que le bébé stimule ses tétons, elle devient encore plus nourricière.


(...) Pour des raisons profondément liées à l'évolution, les réponses maternelles de la femelle humaine sont dépendantes du contexte social et particulièrement du soutien qu'elle va recevoir au non. On observe que les femelles humaines ont besoin d'un soutien plus important que tout autre mammifère.

 

(...) Il ne fait aucun doute qu'ils ont besoin, pour grandir, de la chaleur, de la proximité et de l'affection des membres d'un groupe très familier en qui ils aient confiance. Et si on leur donne le choix, ils préfèrent que la personne qui leur donne des soins soit...  leur mère. Et les mères, pour des raisons physiologiques évidentes (l'allaitement étant la première), sont souvent celles qui ont le plus envie de donner aux enfants ce dont ils ont besoin.
Ceci dit, je suis convaincue que les humains ont évolué en en élevant les enfants en coopération (1). Les pères comme les mères ont une très grande capacité d'éducation. Parce que les hommes n'accouchent pas et n'allaitent pas, leurs réactions hormonales sont programmées de manière très différente. Mais il ne faut pas se méprendre : si un homme vit intimement avec une femme durant les derniers stades de sa grossesse et s'il est en étroit contact avec son enfant après sa naissance, il subira également une transformation physiologique. I

 

(...)Ceci dit, il est important de garder à l'esprit qu'il n'y a rien de biologiquement exceptionnel ou d'anormal à ce qu'une mère humaine éprouve des sentiments ambivalents face aux exigences de son bébé. S'il y a un seul message à retenir de mon livre « Mother Nature », c'est que « les mères humaines ont besoin de beaucoup d'aide pour élever leurs petits.» Mais heureusement, il n'est pas indispensable d'être une mère biologique pour trouver gratifiant de s'occuper d'enfants, à tel point qu'une allomère, c'est-à-dire un membre du groupe autre que la mère, peut se sentir plus «maternelle» qu'une vraie mère qui a passé beaucoup de temps loin de son enfant.


Propos recueillis et traduits par
Véronique Cassarin-Grand et Anne Crignon
(1) Ceci est  développé dans son dernier ouvrage, « Mothers and Others :The evolutionary origins of mutual understanding ».

Publié dans THEORICIENS

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