Idées reçues sur l'enfance

Publié le par être parent tout simplement

pere-noel.jpgUn article très intéressant dans le numéro d’octobre de Sciences Humaines sur les idées reçues que nous avons de l’enfance. On y découvre entre autre pourquoi les enfants croient au père noël…

Idée reçue n° 1
 : Le monde de l’enfant 
est irrationnel


Jusque dans les années 1990, il était d’usage de considérer que les tout-petits vivaient dans un monde éclaté, bizarre et décousu. Incapable de contrôler son corps et son environnement, le nourrisson commençait sa vie mentale submergé par un flot de sons, de couleurs, de mouvements, qui défilaient sous ses yeux sans ordre apparent. [...]

En refaisant les expériences de J. Piaget mais avec de nouveaux protocoles, les chercheurs sont parvenus à la conclusion que le monde mental de l’enfant est beaucoup plus organisé qu’on l’avait cru. Ainsi, dès 6 mois (et non 2 ans), le nourrisson a acquis une certaine permanence de l’objet et il s’étonne si les objets s’évanouissent sans raison ; de même, il sait très tôt qu’une poupée ne parle pas ou qu’un ballon ne se déplace pas tout seul. [...] De même, l’enfant distingue, bien plus tôt que J. Piaget l’avait cru, nombre et longueur. Par exemple, un enfant de trois ans sait parfaitement que quatre bonbons serrés les uns contre les autres, c’est tout de même plus que trois bonbons éloignés sur une même ligne. Il ne confond donc pas nombre et longueur. [...]

Au bilan actuel, les enfants sont plus malins qu’on l’avait imaginé et les adultes moins lucides qu’on le pensait. [...]

Idée reçue n° 2
 : Pourquoi les enfants croient au Père Noël


Dans les années 1940, J. Piaget [...] avait déduit que la pensée de l’enfant est spontanément animiste. Les petits croient que tout ce qui bouge – comme les nuages – est vivant. À des questions comme « pourquoi il y a la nuit ? », ils donnent des réponses égocentriques : « C’est pour dormir. » [...]

Dès les années 1980, des chercheurs ont repris les expériences de J. Piaget en en changeant le protocole. Elisabeth Spelke et Rochel Gelman ont ainsi demandé à des enfants de 3 et 4 ans de dire si un caillou, une poupée ou un animal pouvait pleurer, se déplacer tout seul… Avec ce genre de questions concrètes, il est apparu que les enfants faisaient très bien la distinction entre les caractéristiques des objets inanimés, des plantes, des animaux ou des humains. Si un enfant de 3 ans ne s’étonne pas de rencontrer un chien qui parle dans un dessin animé, il sait faire la distinction entre un être réel et un être fictif. [...]

Dès lors, une toute nouvelle approche de la croyance au Père Noël peut être proposée. Certes avant 5 ans, la plupart des enfants semblent crédules et prêts à admettre l’existence d’un vieux monsieur à barbe blanche vivant quelque part dans le ciel et se déplaçant avec un traîneau tiré par des rennes volants. Mais le fait de croire qu’un traîneau et des rennes puissent voler ne signifie pas que les enfants croient qu’il s’agit là d’une chose banale pouvant se passer dans le monde ordinaire. Un enfant de 3 ans sait bien qu’un cheval ou une voiture ne vole pas. En revanche, il est prêt à admettre qu’il puisse exister « quelque part » des êtres d’exception dotés de pouvoirs extraordinaires. Le Père Noël est de ceux-là. [...] Et tant que les parents, normalement dignes de foi, attestent de la réalité du Père Noël, il n’y a pas lieu de la mettre en doute.


Idée reçue n° 3
 : Les enfants vivent dans leur bulle


On dit souvent que les enfants « vivent dans leur bulle », qui les coupe du réel. Il est vrai que les petits adorent écouter les histoires avant de s’endormir (5). Mais n’oublions pas que leurs parents font la même chose : le soir venu, ils vont eux aussi regarder un film ou se plonger dans un roman avant de s’endormir.


Les enfants jouent beaucoup ? Les adultes aussi : au loto, aux mots fléchés ou aux sudokus, aux boules ; ils font du sport, jouent de la musique, écrivent, peignent, font la fête, etc. Les enfants se prennent pour des super­héros. Mais les pompiers, les policiers, les médecins ou les hommes politiques ne « jouent »-ils pas aussi au fond d’eux-mêmes la comédie du héros ou du sauveur ? Les enfants jouent à la poupée : mais d’une certaine façon, les jeunes mamans « jouent en vrai » avec leur bébé.


Sur le plan de l’imaginaire, il n’est pas sûr que l’enfant et l’adulte diffèrent autant. Tous deux ont tendance à vivre dans une bulle imaginaire faite de rêves, rêveries, projets, jeux de rôle et ruminations diverses (6).


[...] L’imaginaire est désormais vu, non comme une fuite hors du réel, mais au contraire comme une technique d’apprentissage et un moyen d’affronter en pensée des situations du monde réel. Au demeurant, une grande partie des jeux d’enfants est parfaitement réaliste : jouer à la poupée, à la dînette, mimer de conduire une voiture. De plus, les dessins d’enfants évoquent la plupart du temps des thèmes très réalistes (une maison, un paysage, une famille, une personne, un animal), même si l’enfant a plutôt tendance à dessiner les choses telles qu’il les connaît plutôt que telles qu’il les voit (8).


Au final, le monde de la fiction et le monde réel ne sont plus considérés comme aussi étanches qu’on l’avait cru. Et si les enfants vivent une partie du temps dans leur bulle, les adultes aussi. Les fictions enfantines sont parfois très sérieuses, autant que les fantaisies silencieuses des adultes.


 

Idée reçue n° 4
 : L’enfant est amoral


[...] De nombreux travaux suggèrent aujourd’hui que l’enfant dispose dès la naissance d’un répertoire d’émotions telles que l’empathie, qui lui permettent d’éprouver spontanément du désarroi devant la souffrance d’autrui (9). Les expériences de Felix Warneken ont montré que vers l’âge de 14 mois, les enfants viennent spontanément en aide à autrui quand ils le voient en difficulté. Par exemple, s’ils voient un adulte essayer en vain d’attraper un objet, que l’enfant a lui à portée de main, il n’hésite pas à le prendre et lui tendre. Ce qui prouve que l’enfant a bien compris les intentions d’autrui et que, de plus, il adopte volontiers des comportements d’aide (10).


[...]

 

Pour la suite, il faut aller sur le site de sciencehumaines.com

Publié dans THEORICIENS

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