En Angleterre, la gestion de la violence scolaire...

Publié le par être parent tout simplement

En Angleterre, des cours "de gestion de la colère" contre la violence scolaire LEMONDE.FR : Article publié le 27.05.09




es propositions du ministre de l'éducation Xavier Darcos pour lutter contre la violence en milieu scolaire ne font pas l'unanimité au sein des enseignants et personnels. Mais si l'on en croit un sondage OpinionWay, réalisé pour le ministère de l'éducation, et paru mercredi 27 mai, les Français les approuvent globalement.

La Grande-Bretagne est parfois citée comme un exemple en termes de répression de la violence à l'école. "En fait, il n'y a que très peu d'écoles qui ont mis en place des systèmes comme des portiques ou des fouilles systématiques à l'entrée des établissements", tempère Frances Child, enseignante et journaliste au Daily Mail. "Il n'y a d'ailleurs pas vraiment de politiques à l'échelle nationale, chaque école essaie de régler ses propres problèmes. Le plus souvent, les écoles mettent plutôt en place des systèmes de prévention et d'écoute auprès des élèves ou des cours de gestion des émotions, de maîtrise de la colère."

Ces cours, les "Seals" ("Social and emotional aspects of learning", que l'on peut traduire par "Aspects sociaux et émotionnels de l'apprentissage") sont obligatoires dans l'école primaire où enseigne Pierre Fenner, à Hull, une ville de 250 000 habitants dans le nord-est de l'Angleterre. Chaque semaine, pendant une heure, tous les élèves (qu'ils soient sujets à problèmes ou non) apprennent à gérer leur émotions, à travailler dans un bon esprit, à exprimer leurs problèmes et leurs inquiétudes.

PRIVILÉGIER LA RÉCOMPENSE À LA SANCTION

L'école de M. Fenner est situé dans un quartier très défavorisé, et la plupart des enfants qui y sont scolarisés ont un de leurs parents au chômage quand ce ne sont pas les deux. "Ce sont des enfants qui parlent mal, qui voient de la violence au quotidien chez eux, qui se battent avec leurs frères et sœurs, raconte Pierre Fenner. Le père d'un de mes élèves a été arrêté deux fois par exemple. Mais grâce aux systèmes que nous avons mis en place à l'école, il n'y a pas de violence en classe."

Des mécanismes gradués qui, explique-t-il, privilégient l'écoute et la parole et, surtout, la récompense à la sanction. Par exemple, un système basé sur les feux tricolores. Tous les élèves démarrent au vert puis passent à l'orange à la première bêtise, pour éventuellement finir au rouge. "Quand un élève arrive au rouge, il n'y a pas de sanction-type, explique M. Fenner. On essaie de s'adapter, de faire du cas-par-cas. Avec un conseiller, on essaie de comprendre si quelque chose ne va pas chez l'enfant, dans sa famille. On peut aussi demander à l'enfant d'aller dans une autre classe pour se calmer - on demande toujours, on ne force pas - ou d'aller chez la directrice. Si aucune des méthodes ne marche, l'enfant peut aller dans un centre, qui jouxte l'école, où il travaille individuellement avec des gens formés spécifiquement pour cela. Il peut y rester un jour comme dix, tant que la situation ne s'améliore pas."

RÉCOMPENSES CONTRE PUNITIONS

Car l'un des points forts de l'école de M. Fenner est que personnels et enseignants sont spécifiquement formés pour faire face à des situations difficiles. Lui-même est en train d'achever sa formation de "restorative practices", une méthode qui prend le problème de la violence à l'école dans sa globalité et qui apprend des techniques concrètes aux enseignants. "Avant, quand un enfant faisait une bêtise, je disais 'Pourquoi as-tu fait ça?'. Mais, en fait, souvent, l'enfant ne sait pas pourquoi il agit comme ça. Dans cette formation, nous apprenons à poser les bonnes questions, à voir avec l'enfant comment il peut réparer sa bêtise, améliorer son comportement et ne plus être violent."

Enfin, ajoute M. Fenner, "le système des récompenses est bien plus efficace que le système des punitions". Ce jeune professeur a dans son sac tout un tas d'astuces pour pousser les élèves à bien se comporter. "J'ai toujours sur moi des petits tickets de loterie. Quand un enfant fait quelque chose de bien - même dire un simple 'merci' - je lui donne un ticket, il y écrit son nom puis le met dans un pot. Tous les mois, j'achète un petit cadeau et on tire au sort dans le pot."

Pour en savoir plus :

La formation pédagogique suivie par les enseignants et les personnels.

Les cours "Seals" pour apprendre à gérer sa colère

Hélène Bekmezian
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article